Alyttérature - Entropiae, le 14 août 2018
Posté le 03/05/2019
Entropiae – Edouard B. W. : ☆☆☆☆
Chroniques / Reviews
alytterature
– recueil offert par l’auteur –
Titre : Entropiae – Les dystopies du passé font les entropies du futur
Auteur : Edouard B. W.
Publication : 2018
Genre : recueil de nouvelles
Édition lue : Humbird & Curlew
Nombre de pages : 236
Statut : lu du 08/08/18 au 10/08/18
Note : 4/5
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Synopsis : Ce livre regroupe les deux premiers recueils de nouvelles, Recueil n. 1 – Pour celles et ceux qui ne veulent pas dormir et Aux origines – Une vérité sur les origines de l’homme et son futur, plus une petite histoire « bonus » pour clôturer le tout en chanson.
Recueil n. 1 vous emmènera au travers de trois nouvelles dans des jeux d’émotions troublants et dérangeants pourvu que vous soyez de nature puritaine, alors que ce n’est que l’histoire de la vie ! Vibrez avec ce couple vivant une histoire d’amour impossible, accompagnez ces deux amis improbables qui se promènent inlassablement autour du même pâté de maisons, et vivez le réveil difficile d’un étudiant après une banale soirée très imbibée. Rien de plus banal, n’est-ce pas ? Effectivement, mais…
Aux origines parle de l’éveil de la conscience de l’Homme. Il est grand temps qu’il découvre ses origines… et son futur. Ces nouvelles agrémentées de courts textes sombres et poétiques sont une critique sans pitié de la société que nous avons créée, de notre légitimité sur cette Terre et de notre prise de conscience ô combien tardive de ce que nous ne sommes pas, ni n’avons jamais été. Enfin, très humblement, je vous proposerai une solution pour préserver notre bonne vieille planète grâce aux nouvelles technologies, car il fallait bien terminer sur une note positive !
Bonus, puisque ce livre est une sorte de compilation, il fallait un bonus ! Ce texte presque autobiographique raconte le débordement d’amour d’un père et de sa fille, suite à leurs retrouvailles après un long mois de vacances.
Critique : Pour commencer, je tiens à remercier Edouard B.W. de m’avoir donné l’opportunité de découvrir son univers et d’en discuter avec vous. C’était un plaisir, bien que parfois déroutant, de me plonger dans ces textes d’un genre singulier et addictif.
En effet, ce recueil de nouvelles et de contes philosophiques est si particulier que le lecteur ne peut qu’adorer ou détester, et dans tous les cas, il ne peut pas rester indifférent. Comme le titre du premier recueil l’annonce, Recueil n°1 – 3 histoires pour celles et ceux qui ne veulent pas dormir…, les récits qui le composent risquent de nous empêcher de trouver le sommeil. Nous ne pouvons pas le nier puisque nous avons été prévenus, mais il est vrai qu’il faut avoir le cœur bien accroché pour parvenir à la fin de ces premières nouvelles. Effectivement, les thèmes abordés sont parfois dignes de films d’épouvante, mais au-delà de l’horreur face à laquelle le lecteur se retrouve confronté, ce sont avant tout des sujets de société qui y sont traités et qui le poussent à se remettre en question. A travers la narration et les notes de bas de page, l’auteur interpelle le lecteur et l’encourage à se considérer comme un personnage à part entière. Ce nouveau point de vue accentue l’atmosphère pesante qui règne sur ces quatre nouvelles, très différentes les unes des autres si l’on parle de l’intrigue, mais relativement proches concernant l’effet qu’elles ont sur le lecteur. Ces récits m’ont fait penser aux thrillers de Sire Cédric, qui manie avec talent les atrocités exercées sur les protagonistes, mais aussi à Franz Kafka et à sa nouvelle La métamorphose. Les trois auteurs ont des univers très distincts mais qui se rejoignent lorsqu’il s’agit d’impressionner le lectorat.
Les récits d’Edouard B.W. jouent avec les nerfs des lecteurs, oscillant entre réalité et fantastique, et laissant libre cours à leur imagination. Toutefois, cette liberté est souvent mise à mal parce que l’auteur propose un dénouement inattendu à ces histoires courtes, provoquant un sentiment d’inachevé. Cela est le cas pour les premières nouvelles du second recueil, Aux origines – Une vérité sur les origines de l’Homme et son futur. En effet, les textes sont très courts et s’arrêtent brutalement, sans que le lecteur ait véritablement le temps de rentrer dans l’histoire et de se l’approprier. Personnellement, j’ai d’abord pensé qu’il y aurait une suite, plus tard dans le recueil, comme c’est le cas pour la nouvelle Vos jambes vous vont si bien, mais non, l’auteur nous laisse avec cette frustration qu’il a parfaitement dosée et maîtrisée, afin de nous donner l’envie de poursuivre notre lecture. Tout comme j’ai particulièrement aimé frissonner en lisant le premier recueil, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les hypothèses de l’auteur concernant l’origine des Hommes. Je suis toujours fascinée par les dystopies, notamment lorsque les événements nous démontrent que les auteurs avaient raison de penser ainsi. Dans le cas d’Entropiae, il est encore un peu tôt pour savoir si notre futur nous réserve les mêmes évolutions que celles décrites dans les nouvelles, mais cela ne m’étonnerait pas qu’il y ait une part de vrai. Mais bien loin des scenarii catastrophes – on a déjà de la peine à dormir après le premier recueil ! -, Edouard B.W. nous propose des récits écrits avec humour, défiant le politiquement correct, et avec une pointe de philosophie. Sur ce point, le second recueil m’a beaucoup fait penser à un livre que j’ai chroniqué il y a quelques mois, Le voyage de Kirikoustra, écrit par Kirikoustra. On retrouve le thème de l’origine des Hommes mais aussi celui de la quête d’identité et de l’avenir. Ce sont des sujets qui reviennent régulièrement dans la littérature mais qui sont difficiles à traiter puisque les réponses apportées sont souvent hypothétiques. Dans Entropiae : Les dystopies du passé font les entropies du futur, l’ensemble est abordé avec justesse et laisse la possibilité aux lecteurs de se forger leur propre opinion sur la question. De plus, le style d’Edouard B.W. laisse une grande place au divertissement, ce qui n’est pas négligeable lorsque l’on s’attaque à des thèmes aussi sérieux, qui pourraient vite devenir une contrainte pour un lecteur qui souhaite avant tout échapper à la réalité.
Enfin, dans ce second recueil, j’ai aussi apprécié que l’auteur dévoile en partie ses secrets d’écriture. C’est toujours intéressant de connaître les bases de l’inspiration et du texte en lui-même et cela est ici amplifié puisque l’on revient à nouveau au thème principal de ce recueil : les origines.
Pour conclure, Entropiae est un livre à découvrir en se laissant porter par la plume de l’auteur, au rythme des nouvelles, plus ou moins longues, qu’il nous propose. Je vous conseille d’autant plus cette lecture si vous aimez l’humour noir, un peu décalé, et les récits sur fond de dystopie. Si c’est votre cas, vous allez adorer vous triturer l’esprit avec ces histoires hors du commun !
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